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02/09
2020

Témoignage : Aide à domicile et coronavirus

Leila, notre aide à domicile du mois de Septembre témoigne de son quotidien en tant que personnel médico-social et de l'impact qu'a eu le coronavirus sur sa relation avec ses bénéficiaires. Un témoignage touchant de sincérité que nous avons le plaisir de partager avec vous !

leila aide à domicile du mois

Depuis combien de temps exerces-tu le métier d'aide à domicile ?

J'ai obtenu le CAFAD (Certificat d’aptitude aux fonctions d’aide à domicile nouvellement appelé DEAVS - Diplôme d'Etat d'Auxiliaire de Vie Sociale) il y a 14 ans à Marseille. J'ai toujours effectué des métiers dans les services à la personne, même si avant c'était avec des personnes plus jeunes, des enfants, comme j'étais babysitter pendant de nombreuses années. Les enfants ont été très formateurs (rire), ils m'ont appris la patience, l'écoute et la communication qui sont essentiels dans ce métier.

Pourquoi cette reconversion avec les personnes en perte d'autonomie ?

C'est arrivé vraiment par un hasard de la vie, je m'en souviens comme si c'était hier. Je prenais le bus pour rendre visite à ma mère à Plan-de-Cuques et cette femme âgée est montée, s'est assise à côté de moi et s'est mise à me parler. Son histoire m'a brisé le coeur, à son vieil âge elle faisait tout toute seule, n'avait plus de famille, pas d'enfants et avait cette tristesse dans les yeux. Après la vingtaine de minutes à discuter avec elle je pouvais lire le bonheur sur son visage, j’en étais très émue. Elle avait tellement besoin de compagnie. En partant je me suis jurée d’aider des personnes comme elle, surtout qu’il y a de plus en plus de personnes âgées en France.

Qu’est-ce que ce métier signifie pour vous ?

Ce métier c’est de l’humain, et ça vous savez ça se perd de nos jours avec internet. Internet ne remplace pas les relations comment dire, physiques avec les personnes âgées ou handicapées. Combien de fois j’ai entendu des personnes âgées me dire qu’elles étaient tristes que leurs enfants ne viennent pas les voir plutôt que de les appeler. Quand je viens voir mes patients, je viens en secours, je les fais rire, leur apporte de l’espoir, je les met en confiance. Si je ne suis pas là, ils ne peuvent pas se laver ni aller aux toilettes, ils se font dessus c’est une réalité.

Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris le confinement ?

J’étais paniquée, j’ai pensé à toutes ces personnes isolées et je ne pouvais pas imaginer une seule seconde ne pas aller voir mes patients. Beaucoup ont pleuré lorsque je suis allée les voir. Ils avaient peur de tomber malades, de mourir seul, sans revoir leur famille, peur d’être abandonnés si il m’arrivait moi-même quelque chose car on a construit une vraie relation de confiance. Moi aussi j’avais peur pour ma famille (soupir) mais je les savais en bonne santé et je savais que je pouvais aider. Je n’allais pas rester à rester faire chez moi. J’étais très inquiète de ne pas avoir de masque et ne pas savoir quand j’allais en avoir. Le plus dur a été d’apprendre que des patients avaient eu le coronavirus et étaient très très mal et aussi d’apprendre le décès de Claudine… je lui rendais visite tous les jours, on parlait beaucoup de la vie, de la famille, de nos espoirs et tout s’est arrêté du jour au lendemain. J’avais l’impression de vivre dans l’ombre, de traverser ça toute seule car on est seul chez les clients et on était seules dans la rue pendant le confinement. A part les clients et Click&Care, personne nous remercie, personne ne voit ce qu’on fait.

Qu’est-ce qui a changé depuis la pandémie dans la relation avec vos clients ?

Je les sens encore plus reconnaissants. Les médias ont beaucoup parlé des hôpitaux, des médecins, des infirmiers mais presque pas de nous, alors qu’on était là, on se battait. Je savais que les applaudissements à 20h je les méritais aussi, et mes papis et mamies, chaque fois que je les voyais me remerciaient d’être là pour eux. Ce qui me rend triste par contre c’est de ne plus pouvoir se toucher, je suis très câlins vous savez, mes clients c’est comme mes parents, mes enfants. Je les aime, je les pomponne, je leur donne à manger à la cuillère, je les met au lit. J’ai peur à chaque fois que je met les pieds chez eux d’apporter des bactéries. Je me sens jamais autant lavé les mains. C’était un peu étrange au début mais on a pris des habitudes, quand j’arrive je met un masque tout neuf, je mets mes pieds chaussés dans une bassine avec du liquide virucide, je met mon manteau toujours au même endroit et le patient a interdiction d’y toucher (rire) je me lave les mains, j’ouvre les fenêtres et c’est parti !

Quel message avez-vous pour les futures aides à domicile ?

Soyez forts, ne baissez pas les bras et vous verrez, la vie vous récompensera, le sourire sur le visage des patients vaut tout. Ce métier c’est des valeurs et il y a de quoi en être fier.

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