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10/02
2021

La maltraitance entre proche aidé et aidant familial

Lorsque le proche en perte d'autonomie à aider est âgé, la situation nécessite souvent une renégociation des rôles dans la famille. Bien que la majorité des aidants familiaux fournissent des soins appropriés et un environnement de soutien à leur proche âgé, la prestation de soins crée des tensions qui affectent à la fois les aidants et le bénéficiaire des soins. Ces tensions peuvent déclencher des comportements potentiellement préjudiciables à la fois du proche aidé sur le proche aidant, mais également des risques de maltraitance sur la personne âgée.

proche aidant avec personne âgée

Le risque de maltraitance sur le proche aidé

Il peut arriver d'être plus dur avec ceux que l'on aime qu'avec des étrangers. Pourquoi ? Car nous avons tendance à montrer aux membres de notre famille toutes nos facettes, y compris les moins flatteuses, parce que nous nous sentons suffisamment en sécurité avec eux pour tout laisser sortir, sans filtres.

Cela est généralement valable pour les personnes dépendantes aidées par un proche. L'âge et la maladie (Alzheimer, Parkinson, etc.) font remonter à la surface une foule d'émotions difficiles pour les personnes âgées ou handicapées et les proches aidants qui sont soumis à leur colère, leur peur, leur frustration et leur tristesse face à leur situation. Pour certains, cependant, des problèmes plus profonds se cachent derrière les sautes d'humeur et les accès de colère. Ces sentiments peuvent alors se transformer en comportement abusif envers l'aîné et générer de réels dangers de maltraitance envers une personne âgée.

Un risque accru de maltraitance par les proches aidants anxieux et déprimés

Une étude britannique, examinant le comportement abusif des aidants familiaux de personnes atteintes de démence, a révélé que les soignants anxieux et déprimés se livraient à plus d'abus que les proches aidants de personnes atteintes de démence. L'étude a également démontré que les abus étaient liés à des stratégies d'adaptation dysfonctionnelles et à une charge plus lourde pour les aidants sur les exigences physiques, psychologiques, sociales et financières liées à la prise en charge d'une personne dépendante. Les prédicteurs de l'augmentation des comportements abusifs étaient les symptômes d'anxiété et de dépression chez les soignants, et le nombre d'heures de services à domicile réduit au départ.

La réduction de la dépression chez les soignants peut réduire le potentiel de maltraitance sur le proche aidé. L'aidant familial très souvent investi émotionnellement dans les soins pour le proche aidé, peut en oublier sa propre santé. Pour favoriser le repos des proches aidants, la loi d'adaptation de la société au vieillissement votée en décembre 2015 a créé un droit au répit. 

EN SAVOIR PLUS SUR MES DROITS EN TANT QU'AIDANT FAMILIAL

La maltraitance de l'aidant familial

L'aidant familial peut également se voir victime de maltraitance par le proche qu'il aide. Le proche aidé cible l'aidant qui prodigue la plupart des soins parce qu'il se sent suffisamment proche et à l'aise pour le faire et car il peut ressentir le besoin de se défouler, ressent une peur de vieillir, de vivre avec des douleurs chroniques, d'être incontinent, de se voir entièrement dépendant - toutes ces choses difficiles à accepter et qui peuvent nous arriver en vieillissant. Le proche aidé peut avoir des comportements abusifs envers la personne qui lui témoigne de l'amour et l'aide au quotidien parce qu'il est persuadé que l'aidant ne l'abandonnera pas, peu importe son comportement. L'aidant de son côté ressent une culpabilité trop importante pour déléguer les soins à un professionnel de l'aide à domicile et veut pouvoir se montrer présent pour son proche dans les moments difficiles.

Dans d'autres cas, un proche aidant peut avoir été la cible de critiques et de négativité dans le passé. Par exemple, si une mère âgée violente a été haineuse envers son enfant pendant une grande partie de sa vie, il est très probable que ce comportement toxique soit exacerbé par une maladie neurodégénérative. Si d'autres membres de la famille ont décidé qu'ils ne souhaitaient pas participer aux soins de l'aîné, cela peut également compliquer les relations familiales, une pression importante s'exerçant sur le membre qui s'occupera du proche dépendant et devra assumer les soins et supporter les comportements abusifs.

Que faire en cas de maltraitance physique ou psychologique ?

L'aidant familial doit faire de son mieux pour ne pas prendre les insultes ou les débordements personnellement et fixer des limites. La meilleure façon d'interagir avec un aîné de mauvaise humeur ou malade, est de se détacher émotionnellement. Une bénéficiaire de Click&Care, société d'aide à la personne témoigne :

J'ai été soumise à plusieurs reprises à des comportements difficiles de la part de ma maman, mais sa fragilité physique et ses problèmes de mémoire m'amenaient à passer l'éponge à chaque fois. Je sortais souvent en larmes de mes visites à la maison de retraite. Un jour, une infirmière a entendu les paroles difficiles de maman et m'a suggérée de sauter la visite du lendemain. Je ne pouvais pas m'imaginer suivre ses conseils, alors je les ai ignorés. J'ai eu l'impression pendant un temps que les choses s'arrangeaient mais évidemment le même scénario se reproduisait. Alors l'infirmière me répétait de sauter une visite pour me reposer. Un matin je n'ai tout simplement pas eu le courage, ni la force de venir. J'étais épuisée et profondément blessée. Je savais que maman était entre de bonnes mains, alors je me suis donné un jour de congé et je ne l'ai même pas appelée au téléphone ce jour-là. Lorsque j'ai repris mes visites quotidiennes le mardi, maman n'avait jamais été aussi douce. Je me suis donc dit que j'aurais dû suivre les conseils de l'infirmière plus tôt. Elle m'a aussi montré que les personnes atteintes de démence sont parfois capables de sentir quand elles ont franchi la ligne.

Que vous soyez victime ou témoin de maltraitance, le numéro d'appel national unique 3977 vous écoute du lundi au vendredi de 9h à 19h. La fédération 3977 vous écoute sans jugement et a pour objectif d'alerter sur les risques de maltraitances envers les personnes âgées et les personnes handicapées.

Se détacher de son rôle d'aidant 

Si l'aidant familial montre qu'il ne tolère pas les mauvais traitements, la personne âgée se comportera souvent bien, du moins temporairement. Utilisez cette situation à votre avantage si vous le pouvez, mais comprenez que la plupart des personnes atteintes de démence perdent la capacité de penser logiquement et de comprendre les causes et les effets à mesure que leur état s'aggrave. Dans le cas de la démence, la maltraitance des proches aidants est malheureusement courante, il est donc essentiel de garder vos limites fermement en place. Si le comportement verbal abusif ou irrespectueux se poursuit, retirez-vous de la situation et prenez le temps de prendre du recul. 

Un mélange d'espoir, d'amour, de peur, d'obligation et de culpabilité oblige généralement l'aidant principal à continuer à s'occuper personnellement des besoins de son proche. Afin que cet arrangement fonctionne et réduise au minimum ses effets néfastes, les aidants doivent apprendre à fixer des limites, à se détacher de la personne dont ils s'occupent et à donner la priorité à leur propre bien-être.

Lorsqu'il s'agit de gérer les abus d'un proche vieillissant, la meilleure option pour se préserver et préserver la relation avec le proche dépendant est de se retirer de ce rôle d'aidant. Quitter son rôle d'aidant familial demande alors une compréhension de la part de la famille mais également des ressources financières suffisantes pour engager une tierce personne. Il est à noter que de nombreuses aides financières telles que l'Allocation Personnalisée d'Autonomie ou la Prestation de Compensation du Handicap existent à la fois pour la prise en charge d'un service à domicile pour la personne en perte d'autonomie et le repos du proche aidant. Ces informations peuvent être consultées dans le guide 2021 des aides financières pour la perte d'autonomie disponible au lien suivant : consulter.

Faire appel à une auxiliaire de vie peut être bénéfique pour toutes les personnes impliquées (la personne aidée et le proche aidant). La recherche de soins de répit peut aider votre proche à acquérir une nouvelle appréciation de tout ce que vous faites, tout en lui offrant une interaction sociale précieuse et les soins nécessaires. Mieux encore, vous aurez une pause dûment méritée.

L'accompagnement par un service d'aide à la personne

Afin de prendre le recul nécessaire à votre bien-être et à celui du proche aidé, il est commun de faire appel à un service d'aide à domicile. L'aide à domicile se chargera de l'assistance et l'accompagnement dans les actes de la vie de la personne âgée dépendante, handicapée ou en perte d'autonomie ce qui soulagera le rôle de l'aidant familial. Ces services d'aide à la personne sont déductibles d'impôt à hauteur de 50% et peuvent être pris en charge par diverses aides financières départementales.

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