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Comprendre et prévenir la dénutrition chez les personnes âgées

La dénutrition s’oppose à l’obésité dans le sens où elle survient lorsque l’apport énergétique est inférieur aux dépenses. Chez les personnes âgées de plus de 70 ans, le diagnostic de la dénutrition repose sur la présence d’un ou plusieurs critères dont l’importance permet de considérer la sévérité de cet état.

Le MNA, ou Mini Nutritional Assesment, est un questionnaire qui a été créé par Nestlé® et qui permet le dépistage de la dénutrition. Ce questionnaire est disponible dans le Livret d’accompagnement destiné aux professionnels de santé de la page 20 à 23.

Prévenir la dénutrition et repérer les personnes à risques

Afin de prévenir l’apparition de la dénutrition, il est recommandé d’avoir une alimentation équilibrée et de suivre l’évolution de son poids. L’hygiène bucco-dentaire étant importante pour assurer une mastication correcte, il est également conseillé de bien faire sa visite annuelle chez le dentiste et de réalisation les soins bucco dentaires selon ses recommandations. En effet, des problèmes bucco-dentaires peuvent provoquer une restriction alimentaire et être la cause d’une dénutrition, ou sinon une conséquence aggravante.

Lorsqu'une dénutrition est suspectée, des dosages de marqueurs biologiques sanguins sont évalués et le questionnaire MNA peut être réalisé.

Certaines personnes sont à risque de développer de la dénutrition et il est possible de mettre en place des stratégies afin de la prévenir. Les facteurs de risques sont multiples et il est important de savoir les repérer :

• Si la personne n’est plus apte à se nourrir seule, il est indispensable de l’aider à la prise des repas.
• Si la personne à des troubles de la mastication ou de la déglutition, il convient d’adapter la texture de ses aliments.
• Si la personne a des douleurs ou des troubles digestifs, il est nécessaire de les traiter.
• Si la personne a une maladie chronique (cancer ou insuffisance d’organe sévère), il est important de surveiller régulièrement son poids et de réaliser une réévaluation régulière de son appétit ou de ses apports alimentaires afin que ceux-ci soient suffisant. Dans le cas contraire, il sera indispensable de mettre en place une prise en charge diététique et éventuellement selon la prescription du médecin, des compléments nutritionnels oraux.
• Si la personne suit de nombreux traitements médicamenteux et que son appétit est de ce fait diminué, il est recommandé de fractionner son alimentation et d’enrichir ses plats selon les astuces évoquées plus bas dans cet article.
• Si la personne suit un régime restrictif qu’elle s’est imposée elle-même ou aussi, qui est imposé par le médecin pour des raisons médicales (régime végétarien, régime sans sel), ses apports alimentaires peuvent être fortement diminués. Une évaluation des apports alimentaires est alors nécessaire afin de repérer le déséquilibre et de trouver une solution.

Lutter contre la dénutrition

1. Les aliments recommandés

Lorsque la dénutrition est diagnostiquée, l’alimentation orale est à privilégier en première intention.

La prise en charge diététique de la dénutrition consiste à augmenter les apports alimentaires tout en respectant les règles du PNNS pour les personnes âgées :

Si la personne peine à finir ses plats, il est préférable de lui proposer les légumes sous forme de purée ou de potage, et les fruits en jus, crus ou cuits mixés.

2. L'intérêt des protéines

Plusieurs études ont prouvé que la consommation de protéines avait un lien avec les capacités physiques. Des apports suffisants en protéines et de préférence d’origine animale, peuvent en effet maintenir l’autonomie des personnes âgées. En outre, il est recommandé d’avoir des aliments riches en protéines à chaque repas. Voici les portions recommandées :

• 100g de viande ou poisson
• 600 ml de lait
• 2 œufs
• 120g de yaourt ou de fromage blanc

3. Les astuces hygiéno-diététiques

En plus de ces aliments, il est recommandé de :

• Favoriser les produits riches en énergie et/ou en protéines
• Fractionner l’alimentation (3 repas principaux et des collations entre les repas)
• Eviter un jeûne nocturne de plus de 12h
• Adapter la texture des aliments à la personne en cas de troubles de mastication ou de déglutition
• Adapter les menus aux goûts de la personne
• Aider la personne si elle a du mal à se nourrir seule
• Proposer les repas dans un cadre convivial
• Faire une pesée régulière et si nécessaire de doser les marqueurs biologiques, afin de suivre l’efficacité de la prise en charge

Astuce pour le personnel en EHPAD

Si le personnel remarque que le résident mange moins des 2/3 des portions qui lui sont servies, alors il serait intéressant de suivre son alimentation en tenant un journal alimentaire afin de mettre en évidence les déséquilibres alimentaires.

L’enrichissement des plats

Lorsque la dénutrition est diagnostiquée et que l’on souhaite la prendre en charge, il peut être parfois difficile d’augmenter ses apports alimentaires. Dans ce cas, l’astuce est d’enrichir ses plats afin d’apporter plus de protéines d’énergie pour un même volume.

Les aliments riches en citrulline

La citrulline est un acide aminé non essentiel qui est hautement disponible et qui permet de stimuler la synthèse protéique musculaire, surtout lorsqu’elle est combinée à un régime alimentaire équilibré déjà augmenté en protéines, et en plus à de l’exercice physique.

Les aliments riches en citrulline sont :

• Le foie
• Le lait
• Les œufs
• Le poisson
• Le saumon
• La viande
• L’ail
• Les amandes
• Les arachides
• Le chocolat noir
• Les légumineuses
• Le melon
• Les noix
• Les oignons
• Les oignons verts
• La pastèque
• Les pois chiches
• Le soja

Comme beaucoup d’aliments sont riches en citrulline, il est finalement facile d’incorporer la citrulline dans le quotidien.

Les stratégies diététiques pour lutter contre la dénutrition

Certaines stratégies existent pour limiter la perte de poids. Pour lutter contre la dénutrition chez les personnes âgées, la chrononutrition est très efficace. Voici deux types qui peuvent être combinées :

1. La chrononutrition protéique

La personne âgée fabrique moins de muscle après les repas, et ce malgré un apport protéique alimentaire correct. La première stratégie alimentaire à adopter est donc la chrononutrition protéique qui consiste à apporter 80% de l’apport protéique sur le repas du midi. L'inconvénient de ce type de régime que l’on peut aussi appeler le “régime pulsé” est qu’il impose de peser tous les aliments. L’autre solution pour le mettre en place facilement est alors de garder un régime alimentaire varié et équilibré et de consommer un Complément Nutritionnel Oral (CNO) le midi.

Pour ceux qui ne souhaitent pas consommer de CNO, voici un exemple de régime pulsé avec le grammage de chaque aliment, comparé à un régime normal qui propose des protéines tout au long de la journée.

2. La chrononutrition énergétique

Les personnes âgées ont souvent l’habitude de dîner tôt et elles se retrouvent donc à faire un jeûne nocturne assez long, ce qui n’est pas idéal pour lutter contre la dénutrition. La stratégie de la chrononutrition énergétique consiste à consommer une compote ou une pâte de fruit environ 2 heures après le repas du soir. Ce type de collation du soir permet de limiter la perte de poids pendant la nuit car le sucre des fruits est très bien utilisé par le corps.

La dénutrition sévère

Lorsque l’on constate une perte de poids de plus de 10% en 1 mois ou de 15% en 6 mois, que l’albuminémie est inférieure à 20g ou 25g/L chez les plus de 70 ans et que la préalbumine est inférieure à 50 mg, alors il s’agit d’une dénutrition sévère. Dans ce cas, le médecin peut prescrire une nutrition artificielle, qui peut être faite par voie entérale ou parentérale.

Surveiller la dénutrition

Comme le montre la spirale de la dénutrition ci-dessous, une absence de prise en charge peut avoir des conséquences irréversibles sur la santé, jusqu’à provoquer le décès.

La spirale de la dénutrition, un concept créé par le Dr. Monique Ferry.

Certains signes permettent de suspecter une dénutrition afin de la diagnostiquer le plus rapidement possible. Lorsqu’elle est déjà diagnostiquée, ces signes permettent d'évaluer les risques et de considérer l’évolution de la dénutrition afin de réadapter la prise en charge.

• La perte autonomie
• La fatigue
• Un état dépressif
• Des problèmes bucco-dentaires
• Une fragilité cutanée et muqueuse (des ongles fragiles, une perte de cheveux, une peau sèche et fine, des escarres, des mycoses buccales...)
• Un retard de cicatrisation
• Des troubles du transit
• Des problèmes de déglutition
• Le suivi d’un régime spécifique

Maintenant que vous connaissez les facteurs de risque de la dénutrition et que vous avez nos conseils pour la prendre en charge, nous espérons que vous saurez agir rapidement dès que vous suspecterez une dénutrition chez vous-même ou l’un de vos proches.

Infographie récapitulative sur la dénutrition chez la personne âgée